Vers Zénor

Je devais avouer que cela m'angoissait aussi. J'avais peur de ne rien trouver ou, pire, de tomber directement sur la créature sans savoir comment la combattre. Comme un tremblement commençait à se faire entendre dans la voix du jeune homme, je m'approchai de lui pour le serrer dans mes bras. Je voulais le rassurer et me rassurer par la même occasion, car cette fois-ci, j'avais aussi peur que lui.

"Tout va bien se passer Fen, on trouvera comment le combattre et on le vaincra.", dis-je d'un ton beaucoup plus confiant que je ne l'étais réellement. Je ne voulais pas que ce soit la dernière fois, je voulais rester avec lui, je voulais vivre ma vie avec lui. Je voulais que nous vivions des petits moments heureux, peut-être que nous nous installions sur une terre et que nous ayons des enfants même, si il le voulait. Je voulais vieillir avec lui.

Fenrik s'accrocha à Anaelle. Elle était toujours là, qu'est-ce qui lui prenait de réagir ainsi? Il se calma un peu

- Tu as raison...on va s'en débarasser...

Il ne s'était aps vraiment apperçu qu'Anaelle était particulièrement inquiète elle aussi et c'était tant mieux car si ça avait été le cas il aurait paniqué d'avantage. Un peu plus confiant, il rajouta pour se convaincre un peu.

- On va aller là-bas et on va trouver comment le vaincre...

Je le tenais toujours contre moi et je sentais qu'il se calmait peu à peu. Puis, une fois que je le sentis ssez calme, je me décollai un peu de lui.

"Nous sommes mieux de nous remettre en route, pour pouvoir faire le plus de distance possible.", dis-je avant de lui offrir un sourire rassurant. Si il avait su...j'étais totalement mortifiée à l'intérieur, terrifiée. Il avait raison.Si nous ne trouvions rien, alors sans doute serait-ce nos derniers instants ensemble.

Afin de ne pas laisser paraître ma peur, je ramassai ce qui restait et allai le ranger dans le sac qui se trouvait sur la selle. Peu de temps plus tard, nous nous mîmes en route.

Fenrik était bel et bien le seul à sentir cette odeur, puisque moi tout ce que je sentais c'était l'odeur des paysages que nous traversions. Parfois des champs, parfois des forêts. Mais alors que nous étions justement en forêt, Fen arrêta brusquement sa monture et sauta sur le sol pour s'éloigner dans les buissons. Inquiète pour lui, je sautai à mon tour de mon cheval et après les avoir attachés afin de m'assurer qu'ils ne s'éloigneraient pas, je m'approchai du jeune homme.

"Fen, ça va?", demandais-je. J'étais plus nerveuse depuis quelques temps, comme si je sentais une certaine tension dans l'air, mais j'avais mis ce signe sur le compte de la peur, et rien d'autres. Si Fen était malade, alors il valait peut-être mieux s'arrêter dans le village le plus proche et qu'il se repose jusqu'à ce qu'il aille mieux.

Fen finit par reprendre un peu le contrôle de lui-même et se tourna vers Anaelle. L’odeur était toujours présente mais fini par se calmer

- Tu sens ça?

Il se plaqua la main sur la bouche pour s’empêcher de vomir à nouveau puis s’accrocha à un arbre pour tenir droit, incapable de tenir par lui-même.

Je ne comprenais pas. Que sentait-il? Je ne sentais absolument rien! Du moins, rien qui pourrait me rendre malade à ce point. Comme il avait du mal à se tenir debout, je jugeai qu'il valait mieux que nous nous rendions au village le plus proche.

"Je ne sens rien du tout Fen. Il vaut peut-être mieux que nous nous arrêtions au village le plus proche et alors nous ferons le point.", proposais-je en m'approchant de lui. J'eus alors une idée. Je gardais toujours un mouchoir sur moi. Celui-ci était enduis d'un parfum que ma mère adoptive adorait et à chaque année j'allais chercher une certaine sorte de fleur qui donnait cette odeur au tissus.

"Attend, je reviens.", dis-je alors précipitemment avant de me rendre jusqu'à ma monture. J'emmenais toujours ce mouchoir avec moi, et quand je me sentais nostalgique, je le ressortais. Cela me rapellais mon enfance, avant que j'arrive à Émeraude. Il y avait longtemps que je ne l'avais pas ressortis, mais peut-être maintenant servirait-il.

"Tiens.", dis-je en tendant le mouchoir à Fenrik. "Peut-être cela pourra-t-il couvrir l'odeur, du moins partiellement."

Comme Fen avait l'air d'aller mieux et qu'il ne voulait apparemment pas que nous nous arrêtions durant notre voyage, nous repartîmes avec nos montures.

Bientôt, les chevaux devinrent agités. Mon cheval commença à piaffer sans vouloir aller plus loin. Nerveux, il ne cessait de vouloir reculer, secouant la tête de droite à gauche, jusqu'à ce qu'il finisse par se dresser sur ses pattes de derrière. Heureusement, je pu me retenir et m'emêcher de tomber puisque je m'attendais à ce qu'il le fasse d'un instant à l'autre. Je finis par réussir à calmer la bête en lui chuchotant des mots rassurant à l'oreille, tandis que j'étais totalement penchée sur son encolure.

"Je ne sais pas ce qu'il lui a pris, mais ce n'est pas du tout bon signe...", dis-je à mi-voix tandis que je réussissais enfin à la faire avancer de nouveau.

Fen était retourné vers son cheval. Il remarqua le comportement étrange de la monture d'Anaelle mais elle parvins à la maîtriser. Fen fut bien content que son cheval n,en fit pas tant puisqu'il ne se tenait qu'à une main, l'autre retenant le mouchoir dans son visage. Il ne pouvait donc pas vraiment parler et utilisa plutôt la pensée.

* Il y a quelque chose d'étrange...cette odeur doit bien venir de quelque part... et c'est sûrement le même genre de chose qui l'a fait réagir ainsi.*

Fenrik s'arrêta soudain en faite son cheval s'arrêta lui-même d'un seul coup et Fen regarda sur le sol pour voir quelque chsoe qu'il aurait aimé éviter de voir. Il y avait un casque, une armure verte, et un bras à moitié déchiqueté. Fen ignorait que c'étaient les souvenris de Van qui se mêlaient à sa réalité.

* On ne doit pas être très loin, tu vois ça? *

Il n'avait pas réalisé que c'était à cause du magicien que lui pouvait les voir, les chevaux étaient sûrement sensible aussi à ce genre de chose

Pour ma part, je ne vis pas immédiatement ce que Fenrik désignait. Si je voyais quoi? Puis, lorsque j'eu baisser les yeux, il fut facile de dire si je l'avais aperçu ou non la grimace que je fis. J'étais vraiment dégoutée. Jusqu'à maintenant j'en avait pourtant vu des horreurs. Des blessures, des cadavres d'hommes-insectes découpés et brûlés, et bien pire encore. Mais ça...je pense que je n'avais jamais rien vu de pareil.

"Oh bon sang...", dis-je, après avoir pâli. Cela voulait dire que...

Soudain complétement sur mes gardes, je mis une main sur le pommeau de mon épée en tenant les rênes de l'autre main.

"Je pense qu'il vaut mieux continuer notre chemin, et vite!", proposais-je d'un ton que je voulais calme, mais qui trahissait maintenant mon trouble. Si nous nous retrouvions face à la bête, s'en était fini de nous. Si elle avait réussi à venir à bout de tant de Chevaliers quelques siècles auparavant, alors elle ne ferait qu'une bouchée de nous.

C'était ce qu'il craignait et c'était de là que devait venir l'odeur horrible qui l'avait fait vomir. Pourtant Anaelle ne la sentait pas. C'est alors que Fenrik compris.

* Ce n'est pas la réalité! *

Lança-t-il. Certes, mais comment pouvait-elle voir ça si ce n'était pas vrai? Les cheveux pouvait bien le sentir alors pourquoi Anaelle ne pourrait-elle pas elle aussi être influencée par les souvenirs de Van?

* Ça l'a déjà été...mais plus maintenant...la chose ne doit plus être loin si c'est si fort *

Fenrik aurait voulu demander à Van si il avait raison mais le magicien ne disait toujours rien, si c'était ça ses souvenirs de cet endroit, Fenrik comprenait qu'il demeure silencieux.

Ce n'était pas la réalité? Mais alors, de quoi pouvait-il donc s'agir! J'aurais compris si il n'avait été question que de Fenrik, puisque Van vivait à l'intérieur de son corps. Ils avaient une sorte de lien, quelques chose qui reliait leurs deux esprits. Du moins, en quelques sorte. Mais les chevaux et moi, nous n'avions aucun rapport avec Van, alors comment...

Puis, l'autre phrase de Fenrik me glaça le sang. Si il avait raison et qu'elle n'était pas loin...soudainement, j'eu envie de m'enfuir à toute vitesse et de me cacher en attendant que tout soit terminé. Pourtant, cette peur, je ne l'avais pas ressentie depuis si longtemps! Quand j'étais encore une écuyère, je m'étais promis de ne jamais reculer devant le danger, et pourtant, d'affronter ce monstre était la dernière chose que je voulais faire.

Essayant de reprendre constance, je continuai de faire avancer mon cheval. Celui-ci était encore plus nerveux, sentant mon trouble. J'avais d'ailleurs du mal à l'obliger à continuer. Je n'avais jamais eu aucune difficultés avec lui, même lorsque nous avions à foncer sur l'ennemi l'arme à la main. Il n'avait normalement pas peur d'eux et ne faisait que suivre mes ordres. Mais là...

De son côté, le cheval de Fenrik refusait de faire un pas de plus, Fenrik du descendre et l'attacher du mieux qu'il le pouvait à un arbre. Il avait peur lui aussi, ses mains tremblaient mais ils ne pouvaient pas reculer maintenant si ils repartaient, el temps qu'ils trouvent du renfort qui sait combien de personne seraient déjà morte? Non, ils devaient agir.
Et il commença aussi à se préparer à rendre le mouchoir à Anaelle et à affronter l'odeur car après tout, si il devait se défendre se n'était certainement pas à une main qu'il allait le faire.

* Quoi qu'il puisse arriver, je veux que tu sâches que je t'aime Anaelle, plus que tout *

(Je préviens, on va finir par aboutir à la plage de Zénor)

Comme mon cheval ne fit que quelque pas encore avant de s'arrêter, et comme celui de Fenrik avait tout simplement refuser d'avancer, je décidai de sauter par terre et d'aller attacher ma monture près de celle de Fen. Je vérifiai que toutes mes armes étaient en place. Il n'y avait rien sur mon cheval qui pouvait m'aider à présent, donc il ne restait plus qu'à continuer à pied.

Je me tournai vers ce jeune homme qui m'était si cher. J'avais encore plus peur pour lui que pour moi. Pour ma part, j'avais déja vécu la mort en quelques sorte. Je n'étais passé de l'autre côté, mais je savais un peu à quoi m'attendre. J'avais peur de souffrir, oui, mais pas de mourir. Ce dont j'avais encore plus peur, c'était de le perdre. Je ne savais pas ce que je pourrais faire sans lui, je sentais que je ne pourrais tout simplement pas continuer sans lui.

"Moi aussi je t'aime Fen, de tout mon coeur et à jamais..." lui répondis-je.

Puis, comme nous n'avions pas vraiment le choix, nous continuâmes notre chemin.

Plage de Zénor