Maison de Keith

Ça avait été parfait. Keith et moi n'avions point accompli un geste de pur et singulier désir sexuel. Non, nous avions accompli un acte d'amour qui nous rapprochait plus, qui nous montrait qu'il y avait plus d'une façon d'exprimer les forts sentiments que l'on ressentait un pour l'autre. La satisfaction y était également, par contre. Keith était très doué avec ses mains, son toucher, ses caresses m'avaient gâtées, et je m'étais sentie bien, aimée. La jeune enfant triste qui habitait toujours mon âme s'était accomplie, enfin elle avait trouvé quelqu'un qui la complétait. Elle était moins triste, maintenant... J'étais moins triste... J'étais magnifiquement bien dans ma peau, calme, sereine, reposée... Et ce rapport charnel que nous avions eu ne me faisait guère moins désirer Keith. Au contraire, je le voulais encore... Les sensations que j'avais avec lui, je les aimais. Je l'aime, de toute ma personne.

On s'était regardés longuements, touchés, on s'échangeait les multiples plaisirs que la vie pouvait offrir à l'être humain. Mon coeur battait d'amour, jamais je ne m'étais sentie ainsi. Même après, on s'était fixés, le silence se faisant fréquent dans nos conversations, envoûtés l'un par l'autre au point de ne plus parler... Je m'endormis dans ses bras. J'étais si confortable, je ne voulais pas que ça s'arrête, je voulais à tout jamais rester dans la sécurité de sa costaude étreinte. Sur cette pensée, je sombrai...

[...]

Il faisait encore nuit dehors, lorsque je battis de nouveau des paupières. Reprenant mes sens, je me sentais toute froide, et très mal à l'aise. J'étais légèrement découverte, et les bras qui précédemment m'entourait avaient disparus. Keith avait disparu. Sa chaude peau ne me réchauffait plus, et je devins rapidement anxieuse, le rythme de mon coeur s'accélérant dans ma poitrine. Je me levai du lit, entourant mon corps de la couverture comme je le faisais avec une serviette, puis je m'avançai dans la chambre, en direction de la porte, le clair de lune s'installant un court moment sur mon profil. Je sortis de la chambre, à la recherche de mon amour. Je devenais nerveuse, car je ne le trouvais plus. Puis, je l'aperçus...

Il était dans la cuisine, vêtu uniquement de ses pantalons. Réduit à genoux, il se tenait fermement la tête, écrasant son visage de ses mains qui pressaient de chaque côté de son crâne. La sueur perlait partout sur son corps, et la chaleur qu'il dégageait, je la sentais de mon endroit même. Mon coeur me lâchait, tellement cette scène était terrible. Je devins émue en voyant ses yeux emplis de larme, son expression de terreur et de douleur défigurant son visage. Les émotions firent éruption, et je me mis aussitôt à pleurer. LEs larmes coulaient à flot de mes yeux, et je ne les essuyais pas. Je ne daignais pas bouger, paralysée par la peine meurtrière qu'il m'infligeait. D'une voix douce, presque comme un murmure tremblottant, je l'interpellai. Un frisson parcourut mon corps, un frisson répugnant que je ne souhaite plus jamais ressentir, de toute ma vie. Je tremblais de peur, crispant mes mains sur la couverture que je tenais.

'' ...Keith...? ''

La douleur qui broyait mon crâne était insupportable, mais ce n'étais, certes, rien comparé ce que la souffrance causée par ces horribles visions infligeaient à mon psychologique. C'était une douleur indescriptible qui attaquait sans pitier ma conscience, prenant un plaisir pervers à torturer mon esprit, encore et encore. C'était atroce! Juste au moment ou je pensais que tout c'était réglé...N'arriverais-je donc jamais à être heureux en tout temps?

*Je t'aiderai, K. Ne t'en fais pas.*

fit la voix apaisante de Markus dans ma tête. Et, instantanément, la douleur commença doucement à s'estompé, comme s'il la contrôlait. Tremblant, je ne sentis pas l'arrivé de Serena. Je ne la vis pas non plus. M'accrochant à la table de ma cuisine, je me hissai sur mes pieds, sentant mes genoux pret de céder. MAis je tint sur mes deux jambes, presque solidement. J'étais maintenant dos a Serena...je ne l'entendit pas prononcer mon nom, je ne sentit pas ses émotions. Elle n'était pas là, pour moi, en ce moment.

"Ne me quitte pas! Je t'en conjure ne m'abandonne pas! J'ai tant besoin de toi!"

implorais-je à voix haute, désemparé, m'adressant, bien sur, a Markus. Et ca, Serena pu le savoir...Enfin, pas que je m'adressais à Markus, puisqu'elle n'avait jamais eu vent qu'il m'habitait. Mais elle pu savoir que ces paroles ne s'adressait pas tout a fait a elle...Les dernières douleur quittèrent mon corps, la force revint en moi, lentement. Markus prenait le contrôle de mon corps.

*Je ne t'abandonnerai pas, Keith.*

fit encore l'homme alors que je fermais les yeux. La fièvre continuait de m'habiter, bien que la douleur était parti. J'ouvris finalement les yeux, toujours dos à la femme de ma vie.

"Tu ne peux pas me faire ça. Tu dois me le promettre. Promets-moi de ne jamais plus m'abandonner!"

exigeais-je d'un ton ferme à Markus. Ce dernier ne répondit pas, mais je revins brutalement à la réalité et je sentis la présence de Serena..Je réalisai alors qu'elle venait d'assister à toute la scène, celle ou je parlais tout seul...Celle ou j'implorais quelqu'un autre qu'elle de ne jamais m'abandonner...

"Serena..."

Keith ne répondit pas à mon appel, et je ne m'essayai point de nouveau. Le jeune homme était juste devant moi, et subissait un enchaînement excessif de mal et de terreur à s'en tordre de douleur, mais je ne bougeais pas, je ne lui prêtais même pas ne serais-ce qu'un peu de mon aide, pas même un légère étreinte histoire de le calmer un peu. Pas même une caresse, pas même une voix rassurante. Mon corps fixe m'en empêchait complètement.

Puis je finis par me libérer de cette espèce de transe qui me tenait prisonnière, je sentis mes membres se dégourdir, mon sang glacé quelques secondes plus tôt reprendre son flot, ma cervelle recommencer à réfléchir. Keith s'appuya sur une table pour se remettre sur pied, et au moment où je m'en allais enfin à son encontre, il prit parole.

Il ne s'adressait pas à moi, et cela je le compris tout de suite. Je crus vraiment perdre la tête, à ne voir personne d'autre que nous deux, dans cette cuisine. Ensuite c'est lui que je me mis à croire fou. Mais je sondai la pièce, et étrangement, je pus reconnaître une troisième présence.

Elle était invisible, je ne pouvais la voir ni la localiser. Il devait s'agir d'un être très fort, pour pouvoir aussi bien se dissimuler. Et Keith lui suppliait de rester...

Je ne comprennais rien à ce cirque. Keith me faisait maintenant face, et je compris qu'il venait seulement maintenant de se rendre compte de ma présence. Je ne le reconnaîssais plus. Il était malade, oui, mais ça ne justifiait pas son comportement, depuis mon arrivée à ses côtés. Je ne savais plus comment agir, comment me sentir : si je devais être frustrée, triste, concernée, si je devais avoir peur pour lui, si je devais l'aider, ou si je devais le fuir...

" Keith, tu ferais mieux de m'expliquer ce qui vient de se passer..."

Un étrange sourire étira mes lèvres, ou, plutôt, celles de Markus. Il détailla longuement Serena du regard, à la fois étonné et amusé de la voir là, debout, seulement vêtu de mon drap de lit. Si j'aurais pu, j'aurais volontier balancer mon poing dans le visage de cet espèce de...Enfin! Là, j'étais plutôt dans une situation qui m'en empêchait. Bien que ma peau fut encore couverte de sueur, la fièvre était tomber lorsque Markus s'était emparé de mon corps.

*Je t'ai demander de m'aider, pas de prendre ma place imbécile!*

rappellais-je à Markus, qui ricana un peu. Il reposa son regard sur celui de Serena, lui souriant doucement. Il passa sa main dans mes cheveux d'un air malicieux.

"Ohh petit vénard! Tu m'as caché que ta copine était aussi...alléchante!"

marmonna Markus alors que, moi, j'étais impuissant face à lui.

"K c'est absenté un moment...Mais, si tu veux mon avis, ma joli, il n'est pas bien dans sa tête..."

Markus rit de nouveau alors que je rageais en lui. De quel droit lui parlait-il de cette manière? Et de quel droit me rabaissait-il ainsi? N'était-il pas supposé être de mon côté? Être mon ami? Je n'y comprenais plus rien, je me sentais trahis par lui....par celui qui avait, depuis que j'étais né, partager mon corps, mes peines et mes douleurs...Celui qui avait partager ma vie quoi! Je me batti férocement pour reprendre ma place et pouvoir contrôler de nouveau mon corps. Je le regrettai rapidement lorsque de nouveau, je ressentis quelque douleur. Me massant un peu la tête, j'insultai à voix basse Markus, qui riait aux éclats dans ma tête.

"Serena...Je t'en pris...N'aie pas peur...Je...Je vais tout t'expliquer..."

bafouillais-je, honteux d'avoir été pris dans ce genre de situation plutôt embarassante. Je posai sur elle mon regard empli de panique, regard tout a fait différent de celui que Markus avait poser sur elle quelques instants plus tôt. Je m'approchai d'elle, lentement, puis suspendit mon geste. Peut-être ne voulait-elle pas de moi...Plus de moi, en fait. Démoli, je baissai la tête, ne sachant que faire, ni que dire.

Keith promenait son regard sur moi, sur mon corps, il m'observait de haut en bas, me scrutait, me disséquait... Cette action me laissait froide, dépourvue de mon bien-être. J'étais vraiment très mal à l'aise, mais je restai impassible, ne fléchissant pas devant la peur qui grandissait comme une ombre au soleil couchant. J'affichai une expression rude et sombre, qui s'aggravit lorsque je constatai qu'un sourire malsain s'était dessiné sur le visage de mon partenaire. Un sourire malsain, qui m'enracina au sol, me pétrifia net. Je n'utilisais plus ma tête, pour réfléchir, mais mon coeur, à présent. Mon coeur, dont les pulsions étaient guidées par la peur et l'encombrante perplexité de la situation.

Je le dévisageai avec le plus grand dédein imaginable. Son changement d'attitude si soudain me laissait penser qu'il n'était plus lui-même, que cette présence que j'avais sentie tout à l'heure s'était emparée de son corps, et ça, je l'avais compris seulement en remarquant le relâchement de ses traits, de sa posture... Ce n'était plus la même personne. On avait de la visite... De qui? Je l'ignorais, Keith le savait, lui, mais ne semblait pas vouloir me le dire... Du moins, n'était pas en état de me le dire. Je me demandais si depuis tout ce temps, c'était en fait quelqu'un d'autre que Keith avec qui je m'étais trouvée, s'il avait joué le jeu, s'il avait pris le contrôle du corps de Keith depuis mon arrivée sans que je ne le remarque... L'idée d'avoir fait la couchette avec un autre me rendait malade...

J'étudiais tous ces gestes, ses mouvements, ses battements de paupières. Finalement, ma conscience avait pris le dessus de mes sentiments avant même que j'aie eu le temps de poser un geste qui aurait pu me mettre dans une situation désagréable. Je cherchai brèvement du regard un objet, une arme avec laquelle je pourrais me défendre s'il attaquait. Je ne voulais pas blesser Keith, et je n'allais pas le faire. Même si je devais y passer...

Sa voix... N'était plus la même. Il avait pris la parole, et mon coeur fit un terrible saut dans ma poitrine. Je me sentais si mal. Je ne comprennais plus. Plus rien. Je me sentais brisée, je n'avais plus aucun contrôle sur la situation et ça m'énervait tellement. Ce n'était pas Keith, il me le confirmait. Keith s'est absenté... C'est ce qu'il m'a dit. Puis la fin de sa phrase m'irrita particulièrement. En plus de m'appeler par un nom, il insultait Keith. J'étais en colère, mais vraiment en colère.

Il riait bêtement, un rire débile, démoniaque, et je bouillais au point où j'allais exploser. Je ne répondis pas, soutenant mon regard. Puis il exagéra un peu trop; Il prix une voix, une autre voix, celle de Keith. Ses traits changèrent, ainsi que sa posture. Il me disait de ne pas avoir peur, s'approchant... Il m'avait eu sur toute la ligne, depuis le début qu'il se prenait pour Keith... Du moins c'est ce que je constatai aux premiers abords. Rageuse, je m'avançai, posant mes mains sur ses épaules pour le pousser brutalement.

" Qu'est-ce que t'as fait de Keith, sale enfoiré? "

J'étais dégoûtée, j'avais été abusée. Il s'était joué de moi, moqué de moi... Je n'en pouvais plus. J'étais tellement horrifiée, je voulais pleurer... Mais je tins bon. J'avais besoin d'être proche d'elle, par contre. De Lanya.

Rien ne me fit plus mal que ce regard empli de dédain qu'elle posa sur moi. Ni lorsqu'elle me repoussa brutalement. Elle ne m'aimait plus. Elle ne me croyait plus. Je voulais lui dire que j'étais moi, que j'étais Keith, le vrai. Mais ma gorge se noua et aucun son n'en sorti. De toute façon, elle ne m'aurait pas cru. Elle ne veut rien entendre. La fièvre s'empara de nouveau de moi, je recommençai a suer à grosse goute et, bientôt, mes cheveux dégoutaient presque. Je détournai la tête, incapable de supporter le regard meurtrier de celle que j'aimais...de celle qui m'avait aimé. Mon regard se posa instantanément sur un couteau de cuisine. Il était là, à m'appeller, a hurler mon nom. Il m'implorait de le prendre entre mes mains et de faire glisser, doucement, sa lame sur ma peau moite. Il m'implorait de faire couler mon sang et de mettre fin a mes jours. Et c'était une idée si délicieuse!

Comme hypnotiser par le couteau, ma vue se brouilla rapidement de larmes, qui roulèrent sur mes joues sans pitier. Je tournai le dos à la jeune femme pour faire face à ma sortie de secour. Car c'était bien ma seule sortie de secours, la mort! Elle était si douce, si tentante, si délicieuse. Oui, je devais mettre fin à ma vie pour cesser tout cela, pour enfin trouver la paix intérieur. Finalement, mon regard se détacha de larme et je posai mon regard sur Serena.

"J'ai besoin d'aide, Serena...Je veux pas mourire, je veux vivre avec toi. S'il te plait, aide-moi..."

soufflais-je, sans cesser de pleurer, le regard douloureux. Mais j'étais convaincu qu'elle ne m'aiderait pas. Elle ne m'adresserait même pas la parole...PEut-être prendre-t-elle elle-même le couteau et me le planterait-elle dans le coeur? Je reculai lentement vers le comptoir, là ou reposait le couteau. Je le pris délicatement entre mes doigts tremblants, les bras croisé dans le dos. Je baissai finalement la tête, trop confus.

J'avais retenu ma peine aussi longtemps que j'avais pu, mais je finis par craquer, comme une table de verre sur laquelle on avait mis trop de poids. J'étais cette surface de verre, qui éclata en mille morceaux devant la terrible surprise que la vie me faisait. Comme si je n'avais pas assez souffert, comme si je n'avais pas assez mangé de plats froids... Il fallait qu'on m'enlève chaque brin de bonheur qui s'installait en moi... J'étais souillée, horripilée, complètement dégueulasse. Cet esprit m'avait quasiment violé, avait abusé de moi, de ma confiance, de mon amour pour la seule personne qui aurait pu me sauver de moi-même. Je pleurai donc toutes les larmes de mon corps, j'avais l'impression que mon coeur voulait sortir par ma gorge, et je me retenais, pour ne pas laisser s'échapper un seul sanglot. Les larmes coulaient, coulaient, et j'avais mal à la gorge à force de me retenir. Mes joues devenaient rouge de honte, de honte, car l'homme devant moi me réduisait à l'embarras. Il avait fait de moi un jouet, une salope, une conne... Les sanglots s'échappaient. Je n'suis qu'une imbécile, comment j'ai pu croire une seconde que je pouvais être heureuse. Je pleurais, je laissais tout s'échapper... Mes respirations se faisaient coupées par le nouement sec de ma gorge, j'étais emplie d'une tristesse meurtrière qui me faisait replonger dans la noirceur d'autrefois. Ma conscience me lâcha, je ne réfléchissais plus, je ne sentais plus mes pleurs, je ne me rendais pas compte de ce qui se trouvait autour de moi, comme si tous mes sens m'avaient lâché. Sauf un : mon ouie, qui me permettait d'entendre mes sanglots...Mes pleurs... C'est tout ce que j'entendais, et je m'y perdais entièrements. C'était des pleures qui en disait long, les pleurs d'une fille qui avait souffert toute sa vie, qui avait perdu le respect de tous depuis sa jeunesse, qui avait tenté de fuir la solitude, sa plus grande peur, alors que cette dernière la rattrapait constamment. C'était les pleurs d'une jeune fille qui se cachait dans sa chambre pour éviter les regards noirs de ceux qu'elle avait décue, les pleurs d'une fille qui pleurait toutes les nuits, et qui se vêtissait de beaux habits le lendemain matin, croyant que tout irait mieux si elle se faisait belle, alors que, décue, elle retournait pleurer le soir...

Les pleurs d'une fille qui jamais ne se sentira aimée...

J'étais seule face à la pire chose qui aurait jamais pu m'arriver. Je vivais mon pire cauchemard. J'avais perdu toute ma dignitée, et j'étais seule avec ce gout amer, horrible de la défaite absolue. J'étais la défaite à son état pur. Une vulgaire personne sans valeur. Je reserrai mon étreinte sur la couverte qui couvrait mon corps dévêtu. Pas d'épaule sur laquelle pleurer, personne avec qui partager mes peines... Seule, dans le noir, face au plus grand traître, victime de trahison, de fatalité, je ne savais plus quoi faire... Seulement pleurer. Et jamais je ne guérirai de cette peine. Je le savais. Je le savais, à ce moment précis, que mes jours noirs ne faisaient QUE commencer, que je venais de le vivre, ce moment de choc terrible, morbide. J'étais dégueulasse...

" Va te faire foutre! "

Je continuais de sanglotter, pleine de rage pour cet être qui s"était foutu de moi, qui m'avait rendu misérable pour le restant de mes jours, qui avait gâché ma vie, comme s'il avait été possible qu'elle soit pire. Je respirais bruyamment, rageusement, je voulais le tuer...Mes yeux tombèrent sur un couteau... Je le fixai longuement, réfléchissant. Puis je vis les doigts de Keith entourer la poignée, Non...

Aussi rapidement que jamais, je fouetta l'air de mon bras, faisant voler le couteau plus loin grâce à la télékynésie. Je venais de le sauver... L'être responsable de ma profonde mélancholie...

" KEITH! IDIOT..."

Je courus vers lui, je l'encerclai dans mes bras, le serrant aussi fort que je ne le puisse. Je l'aimais tellement. Je pleurai sur son épaule. Je ne comprenais pas pourquoi j'agissais ainsi, je ne comprennais plus rien...Plus rien...Plus rien...Rien du tout...

J'avais finalement pleurer toutes les larmes de mon corps. J'étais à sec. Vidé. Complètement vidé. Je n'avais plus aucune force, pas même pour relever la tête. J'étais lâche. Mon estomac était tout à l'envers, ma tête tournait. Je ne me sentais pas bien...vraiment pas bien. Tout ce qui s'était passé plus tôt, quand Serena avait sonné à ma porte...Tout n'était qu'un vague rêve, le rêve d'un autre homme. Celui d'un homme heureux. Je n'étais plus cet homme. Je n'étais plus cet homme qu'elle avait tant aimé. Non, maintenant, je la dégoûtais. Tout ce qu'elle ressentait pour moi, ce n'était que haïne et dégout. Je pouvais le sentir. Je sentais son envie folle qu'elle avait de me tuer. Et je la comprenais. Je voulais tant qu'elle le fasse, qu'elle ote la vie qui m'habitait. Je ne pouvais plus vivre ainsi. J'en avais assez. Je m'étais cru assez fort pour passer par-dessus, mais ce n'était qu'une illusion...La voilà qui m'envoyais balader. Comme autrefois...

J'étais si faible...Je ne pouvais relever la tête, pas même lorsque le couteau vola de mes mains. Je ne réagis pas. Je n'en avais pas la force. Elle vint alors m'enlacer, sans que je sache pourtant. Pendant un instant, j'eus un petit espoir, que peut-être, elle m'aimait encore...Mais c'était impossible. Comment pouvait-elle m'aimer? Après ce que je venais de lui faire subir? Je me haïssais tout autant qu'elle, elle me haïssait. Même plus. J'eus soudain un haut-le-coeur. Je repoussai doucement Serena et m'effondra à genoux avant d'être malade. Toutes ses émotions en moi me rendait malade. C'était insupportable. Je me remit alors a trembler de plus belle, parcouru de frissons malgré la sueur qui perlait toujours sur ma peau. Je n'en pouvais plus de vivre ainsi, de vivre un moment de bonheur qui était sans cesse gacher par ce que j'étais. Une pauvre pourriture. Voilà ce que j'étais. Un bon a rien.

"Je suis tellement désolé...Si tu savais...Je...Je n'en peux plus Serena. C'est insupportable."

Il me repoussa doucement pour s'effondrer sur le sol. Il avait fini de verser des larmes, mais moi je continuais de sanglotter, comme si jamais je n'eus pu finir de cette peine follement atroce et terriblement blessante à me rendre ivre, hors de contrôle de mes propres actions et gestes. Je ne me comprennais plus : je venais de subir le plus grand choc, le plus grand embarras, la plus grande humiliation de ma vie, et je savais qu'il était normal que je me sente désorientée à ce point. J'étais prête pour ce moment, je m'y attendais, car je savais que jamais je ne pourrais être satisfaite, et j'aurais au moins voulu être capable de réagir comme il faut. Mais non... J'étais délaissée... Je pleurais moins, j'avais réussie à me calmer, à enfin réaliser que j'étais maintenant souillée à jamais de ma dignité et que je devais faire avec. Je respirais plus normalement... La peine ne se dissipait pas pour autant, par contre. Je voulais seulement serrer mes amis dans mes bras : Lanya, Klen, même Eimy... La seule chose que j'aie jamais voulu depuis ma jeunesse, c'est d'au moins rêver du bonheur, au moins cela. Et le seul sentiment le plus proche de ça, c'est d'être avec des gens qui s'en font pour moi, ne serais-ce qu'un peu...

Il était à genoux devant moi, il me disait qu'il n'en pouvait plus, que c'était insupportable. Je sentais qu'il parlait de nous... Il m'avait repoussé, après tout. Et dans sa tête, on aurait dit qu'il avait déjà fait le choix pour moi. Vraiment, on aurait dit qu'il avait décidé que j'allais arrêter de l'aimer. On aurait dit qu'il avait volontairement tout orchestré cela pour se défaire de moi. Et ca me mettait tellement en colère. C'était à moi de prendre cette décision, pas à lui. Il avait bien fait son jeu, il m'avait utilisé pour combler ses désirs, et il m'avait jeté après, se moquant vulgairement de moi. Et maintenant, il n'avait même pas les trippes de me dire ce qu'il pensait vraiment, ce qu'il voulait vraiment...

Tellement de choses se passaient dans ma tête, j'oubliais l'esprit... Il n'y avait que Keith devant moi. Je ne réfléchissais plus... Dans un élan de rage, je le giffla du revers de la main, aussi puissamment que je ne le puisse.

" T'ES QU'UN SALOP, KEITH! TU T'ES SERVI DE MOI POUR CALMER TES SALES PULSIONS SEXUELLES, ET TU M'AS DÉMOLLIE, T'AS GÂCHÉ MA VIE POUR TOUJOURS! ET MAINTENANT TU AGIS COMME SI C'ÉTAIT À TOI D'ÊTRE TRISTE! MAIS C'EST QUOI TON PROBLÈME, BON SANG? POURQUOI TOUT ÇA? JE COMPRENDS MÊME PAS! TU M'AS RUINÉ KEITH! TU M'AS ÔTÉ MA DIGNITÉ! J'ESPÈRE QUE TU T'AMUSERAS À L'OTER AUX AUTRES AU LIT AVEC LA SEULE DIGNITÉ QU'IL TE RESTE TOI! "

Je courus dans la chambre, sanglottant à nouveau. Jetant la couverture, je revêtis ma tunique et mes sandales. J'allais quitter.

Comment pouvait-elle seulement croire un instant que je parlais de nous, lorsque je disais que j'en pouvais plus? Comment, un seul instant, pouvait-elle croire que tout cela ce passait contre elle? Que j'avais fait tout cela exprès, et je lui voulais du mal? Comment pouvait-elle penser une chose aussi horrible! Pour rien au monde de me serait jouer d'elle. Elle était ma seule et unique raison de vivre. Enfin, ça avait été, car désormais c'était fini. Du revers de la main, elle me balança une giffle en plein visage. Bien que la douleur était bel et bien la, je ne réagis pas beaucoup, car ce n'était rien à ce que je ressentais à l'intérieur de moi. J'avais l'impression que tout en dedans de moi se déchirait, lentement pour me faire souffrir davantage. Je frottai la joue qu'avait frappé Serena et me releva lentement alors qu'elle me hurlait par-dessus la tête ce qu'elle avait sur le coeur. J'étais attéré, sidéré, pétrifié.

"Non! Serena attend! Laisse-moi t'Expliquer! Tu as tord, je te le jure! Je t'aime vraiment!"

hurlais-je derrière elle alors qu'elle partait, qu'elle me quittait. La rage et la douleur prirent le contrôle de mon corps; en quelques secondes la cuisine était un vrai bordel. Je restai là, debout, dans les décombres de ma cuisine, haletant et tremblant, seul, désespéré et suicidair. Je méritais ce qui m'arrivait....

"Tout ça est de ta faute Markus! Je t'avais demander de m'aider, pas de tout foutre en l'air!"

*Tu souffriras moins comme ça, K*

"Ah, tu crois ça toi? Imagines-moi en train de faire la même chose à ta femme et a ton enfant, espéce de Connard! Tu crois que tu aurais moins souffert?"

*Bien sur! Je viens de t'éviter de la voir mourir sous tes yeux, imbécile!*

"Non, Markus. Non. Tu viens de détruire nos vies, à moi et a Serena. Autant en temps que couple qu'en temps que personne! Tout ce que je voulais, c'était le bonheur! Tu comprends ça? Hein! Je voulais gouter à ce bonheur de la vie que tu m'as tant fait voire, quand j'étais gamin. Je voulais savoir ce que cela faisait d'être heureux avec la femme qu'on aime! Je n'en demande pas trop, non?"

hurlais-je avant de frapper durement le mur de mon poing. Je ressorti mon poing ensanglanté du trou que je venais de faire, sans m'en préoccuper. Je n'avais de yeux que pour Markus, cet espèce de traitre...

"Je n'en demandais pas trop, Markus. Je voulais être heureux, comme toute personne normale peut l'être! Tu sais quoi, Markus...Je vois clair dans ton jeu. Tu veux me faire souffrir autant que toi tu as souffert. Tu veux m'empêcher d'avoir la vie que tu rêvais d'avoir. Mais tu es mort! Nom d'une déesse, tu entends ça? Tu es mort!..."

*Arrêtes!*

hurla Markus, fou de rage. Mais je ne l'écoutai pas.

"Non Markus, je n'arrêterai pas! Je ne suis pas responsable de la mort de ta femme et de ton enfant, encore moins de la tienne...Alors pourquoi me faire ça a moins, hein? Au lieu de me faire vivre ce que tu as vécu, pourquoi ne pas tenter de me faire vivre la vie que tu aurais voulu? Tu as une deuxième chance de vivre une belle vie, salaud! Et tu la gâche! Pourquoi crois-tu que tu es là, avec moi, alors que tu es mort depuis des centaines d'années? Pourquoi, hein? Sinon pour avoir une chance de vivre une vie magnifique, avec une femme merveilleuse, des enfants superbes..."

Markus ne répondit pas. Il n'était plus là...Du moins, pour le moment. Je poussai un profond soupir et pliai les doigts de ma main blessé, en posant mon regard lasse sur elle. Je jurai entre mes dents et je déchirai un bout de mon pantalon, que j'entourai fortement autour de mon poing pour faire cesser le saignement.

J'étais à présent toute habillée, ma courte tunique m'arrivait au bas de la cuisse et mes sandales avaient deux lanières de cuir chaque qui m'encerclait le bas des jambes jusqu'au milieu du molet. En plus d'avoir les bras complètement découverts, je n'avais pratiquement rien qui cachait mes jambes. Tant pis, j'allais geler dehors dans la nuit. Je préférais cela plutôt que de rester une seconde de plus avec ce primathe atrophié...

Je me rappelais mon arrivée, la première fois que je le vis de mes yeux, depuis mon départ... La sensation avait été si belle... Tout avait été parfait, on s'était réconciliés, on avait fait l'amour... Je croyais être amoureuse de lui, mais aussitôt qu'on m'avait donné quelque chose, on me l'arracha des mains, C'était comme cela, pour moi. Dans mon cas, impossible d'être heureuse.

On m'arrachait mon coeur, en plus... On aurait dit que j'étais dépourvue de vie.. Les sentiments continuaient de se battre dans mon esprit, dans un combat sans relâche. Je Continuai de pleurer...

J'avais aimé Keith de tout mon coeur, j'avais enfin fait confiance à quelqu'un. Et cette confiance avait été trahie...

Le troisième, l'esprit qui était là avec nous... Peut être que Keith disait la vérité, qu'il n'en était pour rien...

Non, Serena. Arrête d'essayer de tout voir positivement, tu sais ce qui arrive quand on fait confiance à la vie. Elle nous déçoit...

Je portais des bas, à mon arrivée. Oui! Je devais reprendre ses bas. Je ne les trouvais pas. Je revins folle de rage, je voulais mes bas, je ne voulais pas laisser aucun souvenir de moi dans cette maudite maison. Rien. Je foutus le bordel pour enfin retrouver mes bas, puis je marchai rapidement jusqu'à l'entrée, sans dire un mot. Je sortis, claquant avec violence la porte derrière moi. Jamais plus il n'entendra parler de moi, et ça, j'allais m'en assurer......

Elle était parti pour de bon. La porte claqua sans ménagement lorsqu'elle quitta pour de bon ma maison, ma vie. Tout était fini maintenant. Je relevai l'une des chaises de ma cuisine que j'avais volontairement renverser- et qui n'était pas en milles morceaux- et je m'y laissa choir lâchement. Je devais me changer les idées car je savais que je ne tiendrais pas le coup. Et, bien que j'aille vraiment envie de quitter cette vie, je savais que je ne pouvais pas le faire. Je devais vivre, je devais être fort. Serena ne faisait plus partie de ma vie, certes, mais c'était pas grave. Je déserterai Émeraude et irai me réfugier ailleurs. Oui, c'était ça! Je devais partir, au plus tôt. Demain matin, je partirai. Je n'avais plus le choix maintenant. Je devais refaire ma vie et m'éloigné d'Émeraude au plus vite. J'avais déjà voyagé, lors de la disparition de mes trois amies. Oui, c'était ce que je ferais. Décidé, je me levai de ma chaise et me rendit rapidement dans ma chambre. Je fus étonné de voir dans quel état elle était.

"Elle ne manque pas de culot, celle-là!"

grommelais-je en ramassant mes affaires personnelles. Je ne pris même pas la peine de ranger. Peut-être ne reviendrais-je jamais, donc ce n'était pas nécessaire. J'allai me laver, question de me détendre, puis je m'habillai avant de me rendre dans mon salon. Je m'écrasai dans mon fauteuil, planifiant tout mon voyage. J'avais de partir, d'oublier toute cette histoire, toute cette douleur. Je voulais oublier mon passé et ne plus souffrir.

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Le matin n'était pas encore levé, à peine deux heures c'était écoulées depuis cette...séparation douloureuse. Et déjà je mettais les voiles. Je sentais toujours la présence de Serena près de là, c'est pourquoi j'avais décidé de passer par la porte arrière. C'est donc ainsi, me glissant tel une ombre derrière les maisons, que je quittai Émeraude...et ce, peut-être pour toujours...

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