Je me lance...

Alors, je me suis enfin décidé à partager mon histoire, celle que j'aime le plus. Coeur sensible, s'abstenir!







Elly referma le petit cahier à la reliure de cuir et le barra à l’aide d’un petit cadenas. Elle cacha le cahier sous son matelas puis s’étendit dans son lit en remontant les couvertures sous son menton. Elle guettait chaque bruit de la maison, toujours plus effrayée chaque fois. Elle finit par s’endormir, sensible à tous les bruits qui pourraient signaler l’approche de son père. Mais il ne vint pas dans sa chambre cette nuit. Lorsque le jour se leva, Karen grimpa les escaliers qui menaient au grenier et entra dans la chambre de sa fille en criant :
«Lèves-toi, tu as école!Aller, debout sale paresseuse! »
Elle donna un coup de pied dans le matelas en grognant puis elle redescendit sans un mot. Elly s’empressa de se lever, d’enfiler son uniforme d’école et d’Attacher ses longs cheveux noirs, à l’aide d’un élastique, sur sa nuque. Impatiente, Karen remonta, s’empara de sa fille par le coude et la traîna jusqu’à l’extérieur. Elle la poussa en direction du chemin puis referma la porte derrière elle en la claquant. Elly poussa un profond soupir en se frottant le coude puis regarda la rue alors que la porte de la maison s’ouvrait de nouveau. Cette fois, ce fut le visage mauvais de son père qui apparut. Il tenait le sac de sa fille dans ses mains. Il hurla quelque chose à Elly, puis jeta son sac dans sa direction. Prudente, la jeune fille attendit que son père eu refermé la porte avant d’aller le sac. Elle le glissa doucement sur ses épaules, faisant bien attention de ne pas toucher ses ecchymoses. Deux minutes plus tard, l’autobus s’arrêta devant son entrée et le chauffeur, un jeune homme pas très beau mais assez sympathique, ouvrit la porte pour laisser entrer la jeune fille. Cette dernière inspira et grimpa lentement les marches. Lorsqu’elle leva les yeux vers les autres élèves, ils la dévisageaient tous sans retenu. Elle était la rejet de la ville, aller savoir pourquoi! Bref, la petite fille eut bien de la difficulté à se trouver un banc, mais, heureusement, un jeune garçon, environ du même âge qu’elle, se tassa pour lui laisser une place. Reconnaissante, la jeune fille lui offrit un léger sourire suivit d’un petit «Merci» timide. Ce fut le seul mot qu’elle prononça de tout le trajet.

En revenant de l’école, la jeune Elly entra dans sa maison et la trouva silencieuse, comme toujours. Un léger sourire étira ses lèvres alors qu’elle retirait ses chaussures. Elle alla dans le réfrigérateur pour se prendre une pomme puis elle grimpa immédiatement dans sa chambre. Elle fit ses devoirs, toujours extrêmement attentive aux sons qui emplissaient la maison. Deux heures plus tard, la porte de la maison claqua, Elly tressaillit. Elle entendit des pas lourds et rapides dans l’escalier, puis son père ouvrit la porte avec violence. La jeune fille se mit en boule, tremblante comme une feuille. Mark s’avança vers sa fille, la releva rageusement par sa longue chevelure et lui balança son poing en plein estomac. Elly se plia en deux, les yeux agrandis par la douleur. Elle n’eut pas a attendre bien longtemps pour l’autre coup, qui lui fut donné en plein visage. Elle tomba à la renverse, sur le dos, et son nez se mit à saigner, ainsi que sa lèvre fendue. Un sourire satisfait étira les lèvres du père puis il frappa encore et encore sa fille pendant de longues minutes, qui parurent une éternité pour la fillette.
Mark quitta ensuite la chambre en claquant la porte, comme à son habitude. Elly se recroquevilla sur elle-même dans le recoin sombre du grenier et éclata en sanglot, le visage en sang. Elle ne dormit pas de la nuit, apeurée.
Le lendemain matin, Elly s’était prit de bonheur pour quitter la maison avant que ses parents ne viennent la jeté à l’extérieur, mais ce fut quelque chose qu’elle regretta. Mark sorti de la maison au moment même ou l’autobus scolaire s’arrêtait devant Elly. Pensant que Mark venait embrasser sa fille, le chauffeur ouvrit les portes du véhicule et regarda presque tendrement Mark s’approcher d’Elly. L’homme mal rasé posa une main sur l’épaule de la fillette puis lui envoya un coup de poing rapide au visage. Elly poussa un cri de surprise et de douleur, mais l’homme ne s’en préoccupa point; il rentra chez lui. La jeune Elly couvrit son nez de ses mains et pencha la tête vers l’avant, se remettant bien évidemment à saigner du nez. Zack, le petit garçon gentil, se leva d’un bond et sorti en coup de vent de l’autobus en voyant que personne ne bougeait. Il se précipita vers la jeune fille en sortant un mouchoir de sa poche, qu’il appliqua sur le nez d’Elly. Il l’aida à remonter dans le véhicule et la conduisit, une fois de plus, dans son banc. Il essuya le sang de la petite alors que celle-ci le regardait faire. Après un moment, elle regarda ses magnifiques yeux verts…Le garçon appuya légèrement sur nez douloureux de la fille, et cette dernière poussa un léger grognement. Il s’empressa de s’excuser, mais Elly repoussa ses excuses en le remerciant. Les joues de la fillette s’empourprèrent alors que Zack lui offrait un doux sourire amical.

CHAPITRE 1

«Bonne fête, Elly!» chantonna-t-elle amèrement entre ses dents. Assise contre sa fenêtre, Elly regardait la pleine lune éclairer la sombre nuit. Depuis exactement une minute et dix secondes, c’était son anniversaire, mais ça, personne ne le savait, et le lui souhaiterait encore moins. Elle le savait; depuis quinze ans qu’elle vivait cela. Par cette dernière journée du mois d’août, la jeune adolescente ne trouvait pas le sommeil, trop nerveuse pour cela. Elle allait entrer en quatrième secondaire et ça l’inquiétait assez pour tout dire, dans un certain sens. Elle anticipait chaque rentrée d’école à toutes les années, bien que cela diminuait celles qui lui restaient avant de quitter cette ville, ses parents et cette vie merdique qu’elle menait. La jeune femme regarda encore un moment la lune puis elle alla se glisser sous les couvertes, pour s’y endormir au bout de quelques instants.
Le lendemain matin, Karen ouvrit la porte du grenier, mais n’entra pas dans la chambre de sa fille.
« Réveilles-toi, Elly. Tu as de l’école. » Dit-elle doucement avant de refermer la porte derrière elle. La jeune femme se leva et se dirigea vers sa commode, de laquelle elle sortit deux camisoles de couleur olive, une plus pâle que l’autre, ainsi qu’une paire de jeans de style armée. Elle enfila lentement ses vêtements puis elle alla se poster devant son miroir pour peigner ses longs cheveux noirs, qu’elle laissa cascader dans le creux de ses reins. Elle s’empara ensuite de son sac à dos de cuir noir avant de descendre au rée de chaussé. Elle évita soigneusement de regarder son père et s’approcha de sa mère, qui avait encore les yeux rouges et bouffis du à la nuit qu’elle venait de passé à pleurer. Sa mère était morte la veille d’une crise cardiaque. La jeune Elly embrassa sa mère sur la joue, posa son sac au sol, près de la porte, puis se prit un bol de céréale, qu’elle mangea debout, accoter contre le comptoir dans la cuisine. Au bout d’un moment, quand elle eut finit son petit déjeuner, elle alla brosser ses dents puis elle s’éclipsa doucement hors de la maison pour se rendre à l’école, enfin à l’arrêt d’autobus qui l’amènerait là-bas. En chemin, elle passa devant l’ancienne maison de Zack. Elly s’arrêta devant l’immense maison. Elle se rappela avoir brièvement entendu parler d’un nouveau qui était arrivé cet été et qui avait aménagé cette maison. Son père l’avait engagé dans son magasin. Elle contempla un moment la maison, jusqu’à ce que le nouveau sorte de chez lui. La jeune femme se détourna rapidement et continua sa route. Le jeune homme dévisagea un moment la femme puis secoua la tête avant de prendre également le chemin en direction de l’arrêt de bus. Il observa la magnifique adolescente devant lui, regardant ses cheveux aux reflets bleutés au soleil, sa démarche sur d’elle. Elle lui rappelait étrangement une fillette qu’il avait vue auparavant, avant de déménager. Perdu dans ses souvenirs, la tête basse, Zack percuta Elly, qui s’était arrêté à un coin. Il releva brusquement la tête et croisa le regard froid de la jeune femme. Elle avait le même regard que son patron. Le jeune homme s’excusa rapidement, mais Elly n’y porta aucune attention et lui tourna le dos. Un adolescent, un peu plus âgé que lui, arriva à ses côtés et posa une main sur son épaule.
«Tu es nouveau ici, hein? Eh bien, je te le dis tout de suite, ne cherche même pas à parler avec Elly, lui conseilla le jeune homme avec un sourire. Zack donna un coup sec vers l’arrière avec son épaule pour se dégager de l’autre.
-Et pourquoi ça? Cracha-t-il, mauvais.
-Cool, mec! Tu ne mérites tout simplement pas d’être comme elle, c’est tout. » fit-il en ricanant avant d’aller rejoindre ses amis. Zack le foudroya du regard, insulté de l’attitude qu’ils avaient envers la charmante Elly.

Midi sonna, les classes se vidèrent en un rien de temps. Elly s’empara de son dîner et se rendit dans la cour, ou elle grimpa dans un arbre pour manger, comme toujours. Là, elle était à l’abri des regards et des insultes. Elle pouvait manger en paix. Quelques minutes plus tard, Zack arriva avec ses amis. Il n’a pas perdu de temps, celui-là! Pensa Elly, étonnée, en relevant les yeux de son livre pour les regarder. Ils s’arrêtèrent là, sous son arbre, et s’y assirent pour dîner. Sans y porter davantage d’attention, la jeune femme se remit à lire alors que les garçons sous elle mangeaient et discutaient. Soudainement, Zack posa une question qui étonna la jeune femme et ses amis.
«Qu’est-ce que vous savez d’Elly. »
Ses amis se jetèrent des regards confus et Elly referma son livre silencieusement pour écouter.
«Mais enfin, Zack…
-Tu la connais…C’est LA Elly…fit doucement Kaven, incertain.
-Celle qui s’est fait frapper devant un autobus entier avant que tu partes… »
C’était donc la qu’il l’avait connu! Ça lui revenait maintenant!
«C’est la petite Elly qui n’a pas d’amis…chantonna Nick avec un sourire malicieux et moqueur. Tu voix, celle qui fait toujours rire d’elle… »
Nick pouffa de rire, imité par quelques jeune hommes du groupe. Zack, insulté, lui fit front.
« Tu l’écoeures? Salaud! »
Mais Elly ne vit rien de tout cela. Au moment où Zack parlait, elle avait sauté au sol et atterrit solidement sur ses pieds, faisait sursauter la plupart des hommes, y comprit Zack puisqu’elle venait d’atterrir près de lui. Ils la regardèrent partir la tête haute, Nick et sa bande éclatèrent de nouveau de rire. Ce premier se leva, posa son index sur ses lèvres pour les faire taire puis il s’élança vers Elly pour la rattraper par le bras. La jeune femme ne se laissa pas faire. Elle tira brusquement sur son bras en le foudroyant du regard.
« Ne me touche pas! »
Elle tourna les talons, mais Nick s’empara de nouveau de son bras et la fit pivoter vers lui.
« Elly, je rigole!
-Lâche-moi! »
Nick n’écouta pas un mot de cela et l’attira à lui pour l’embrasser. Elly grimaça, mais joua le jeu. Elle répondit à son baiser, passant ses bras autour de son cou. Nick fut prit de court. Il ne s’attendait vraiment pas à ça. En plus de jouer un jeu, elle embrassait…bien. Elly se décrocha de lui puis tourna les talons après lui avoir adressé un sourire forcé. La jeune fille s’essuya dédaigneusement les lèvres en grimaçant de dégoût alors que Zack et ses amis riaient aux éclats.
« Alors, tu t’es fait avoir, hein? » lança Kaven lorsque Nick revint vers eux. Les éclats de rire redoublèrent alors qu’il ne répondait pas, humilié.

Assise au fon de la classe, Elly tentait de suivre ce qu’expliquait le professeur devant. Mais c’était en vain. La tête lui tournait et elle avait l’impression qu’elle serait malade. Lors d’un travail d’équipe, qu’elle faisait seule bien évidemment, elle sortit en coup de vent de sa classe, la main sur la bouche. Elle courut dans les couloirs, déboula les escaliers, puis se rendit jusqu’aux toilettes juste à temps pour vomir dans une cuvette. Un virus, sans doute! La jeune femme tira la chasse puis elle se releva, les jambes légèrement flageolantes, et se rendit au lavabo. Là, elle se rinça au moins pendant un bon dix minutes la bouche puis elle s’aspergea le visage d’eau froide. Au bout d’un moment, elle sortit des toilettes et se dirigea d’un pas lent vers sa case, qui se trouvait tout près des salles de bain. Elle ouvrit la porte de son casier puis, dans son sac, elle se prit une gomme à mâcher. Elle referma le tout puis accota son front contre le métal du casier, fermant ses yeux froids en soupirant. Elle n’entendit pas des pas s’approcher, elle ne les entendit donc pas s’arrêter derrière elle. Elle tressaillit légèrement en sentant une main venir se poser son épaule et son premier réflexe, après avoir brusquement les yeux, de repousser violement le jeune homme derrière elle. En reconnaissant l’homme, elle soupira, un peu soulagée et désespérée à la fois.
« Ah, ce n’est que toi, dit-elle en roulant des yeux en s’adossant à sa case, les bras croisés sur sa poitrine, toisant froidement Nick du regard. Tu viens encore m’embêter? Si c’est le cas, tu peux partir. Ça ne te servira à rien d’essayer, tu l’as assez fait comme ça en m’embrassant hier… » Ajouta-t-elle d’un ton sec et froid. Pendant une fraction de seconde, le désarroi se peignit sur le long visage bronzé de Nick. Cela fit naître sur les lèvres d’Elly un léger sourire satisfait. Elle ricana.
« Oh aller, il ne faut pas m’en vouloir pour ce que j’ai dit. J’ai seulement cherché à être franche! »
Elly rie une fois de plus, secoua la tête puis elle tourna les talons pour retourner dans sa classe, mais Nick l’en empêcha en la retenant par le poignet. D’un mouvement brusque, elle se défit de lui et posa sur lui son regard froid et méprisant. Nick se recula d’un pas pour la contempler et sourit. Elly, quant à elle, le dévisagea pendant un long moment puis tourna de nouveau les talons. Nick la plaqua brutalement contre les cases en se collant contre elle, la retenant prisonnière entre son corps et les casiers. Une étrange lueur brillait dans le regard de l’homme et cela inquiéta la jeune adolescente, qui se débattit. Elle ouvrit la bouche pour parler, mais il fut plus rapide et plaqua littéralement ses lèvres sur les siennes pour l’empêcher de dire quoi que se soit. Encore une fois, elle tenta de se libérer, mais Nick la tenait d’une telle façon qu’elle ne pouvait rien bouger. Ce dernier jeta un bref regard à sa montre. Deux heures moins le quart! Il lui restait encore bien du temps. Il reposa ses lèvres contre celles d’Elly et l’Embrassa sauvagement, dégoûtant la jeune femme. Cette dernière détourna la tête en grimaçant de dégoût :
«Qu’est-ce que tu fais? Arrête! Ne me touche pas, c’est clair? »
Elle le repoussa avec force puis s’élança jusqu’à sa classe, ou elle retourna s’asseoir à son bureau en s’essuyant dédaigneusement les lèvres du revers de la main.